Le report de la discussion du projet de loi sur la formation serait dû à l'examen du texte sur le travail dominical

Par - Le 29 mai 2009.

« C'est un véritable scandale ! » a déclaré Alain Lecanu (CFE- CGC) au Quotidien de la formation, à propos du report de l'examen du projet de loi sur la formation en séance plénière. Et le responsable du plan emploi-formation poursuit « Durant les négociations, nous avons été pressés par les pouvoirs publics, nous avons dû réunir précipitamment le Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV), monter très rapidement un fonds de sécurisation des parcours professionnels pour le bénéfice de ceux qui en ont le plus besoin, et là, nous apprenons que le projet est repoussé alors que nous aurions aimé aller plus loin sur différents sujets. ».

Cet avis est partagé par Annie Thomas, secrétaire nationale de la CFDT, qui a fait part de sa surprise au Quotidien de la formation : « Nous avons dû mener la négociation sous la pression, et avons respecté ces contraintes. La crise devrait pourtant nous pousser à privilégier ce texte qui apporte des solutions à la situation actuelle. Nous gardons de tout cela un vif sentiment d'incompréhension au regard des enjeux, et une certaine amertume. »

Au banc des accusés, le projet de loi sur le travail dominical, « Je fais peut-être un procès d'intention, nous confie Olivier Gourlé, secrétaire confédéral CFTC chargé de la formation professionnelle et du handicap, mais j'ai dans l'idée que les pouvoirs publics ont décidé de mettre ce projet à l'ordre du jour au détriment de la loi sur la formation. ». Une opinion partagée également par Alain Lecanu et Annie Thomas : « Si c'est le cas, c'est un très mauvais message que l'on envoie aux salariés, d'autant qu'on ne leur fournit aucune réponse à la situation de crise. »

Pour certains syndicats, le report peut au contraire, fournir le temps de réflexion nécessaire à un projet élaboré avec trop de précipitation. Paul Desaigues, conseiller confédéral chargé des questions de formation à la CGT et vice-président de l'Afpa, qui parle ici en son nom propre, juge en effet que cela permettra de « prendre le temps de maturer le cadre législatif, de croiser les points de vue, et pas uniquement entre l'Etat et les régions. », même si, selon lui, « Il aurait été plus simple de ne pas arrêter les négociations au 7 janvier. ».

Stéphane Lardy, secrétaire confédéral à la formation (FO), considère de même que cela permettra de reprendre plus sereinement le débat, et à Gerard Cherpion, le rapporteur, d'écouter les partenaires sociaux plus en profondeur. Olivier Gourlé déclare, quant à lui, que ce report est « une sage décision de la part du législateur. ». « Je préfère que l'on s'accorde du temps pour échanger sur les points positifs du projets, comme sur les points négatifs. Les conséquences de cette loi seront immenses et le projet a été conçu dans la précipitation. Or, ce sont les salariés qui sont en première ligne ! », conclut-il.

Aurélie Gerlach

Article paru dans Le Quotidien de la Formation du 29 mai 2009.